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STU Flash, 11 octobre 2023

Intervention orale du STU, 217e session du Conseil exécutif

STU/70e Conseil/23/023
11 octobre 2023

 

217e session du Conseil exécutif de l’UNESCO

Intervention orale du Syndicat du personnel de l'UNESCO (STU)

 

Merci Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Chers collègues,

Le STU se félicite du retour des États-Unis d'Amérique et de l’impact que cela aura sur un multilatéralisme renforcé, ainsi que sur les capacités de mise en œuvre du programme de l’UNESCO. Evitons toutefois de penser que cela suffira, seul, à résoudre tous nos problèmes, parce que ceux-ci sont en grande partie de nature structurelle.

Je voudrais me référer en premier lieu à la santé et au bien-être du personnel : si rien ne change, l'UNESCO est et restera une organisation où le niveau de stress et d’insatisfaction au travail est l'un des plus élevés de tout le système des Nations Unies, et cela essentiellement en raison d’une surcharge de travail récurrente ainsi que des relations toxiques entre superviseurs et supervisés. Le rapport du Corps Commun d'inspection du système des Nations Unies sur la santé mentale et le bien-être comprend des données alarmantes que nous avions déjà analysées, mais aussi d’importantes recommandations que nous invitons l’Administration à intégrer dans ses pratiques. A cet effet, le STU demande instamment à l’Administration d’établir un groupe de travail, impliquant les associations du personnel, chargé d’élaborer des propositions pour la mise en œuvre de ces recommandations.

En regardant encore plus avant dans le temps, le STU demande que toute décision sur la couverture de l’assurance maladie après la cessation de service (ASHI) ne soit plus reportée et que des ressources financières stables et appropriées soient identifiées dans le cadre du projet de programme et de budget 42C/5.

Monsieur le Président, Excellences,

Le STU apprécie les efforts visant à intégrer l'ensemble des effectifs (personnel et personnel affilié) dans la stratégie de gestion des ressources humaines et se félicite en particulier de l'amélioration des conditions contractuelles des contrats de service. Cependant, le fait que le personnel affilié représente désormais plus de 50% de l'effectif total soulève des questions fondamentales, dont nous avons peu débattu jusqu’à présent :

  1. Alors que l’actualité nous rappelle tous les jours, de façon dramatique, que la mission de l’UNESCO est loin d’être achevée dans ce monde en souffrance, cette mutation de la composition des effectifs de l’UNESCO s’attaque à la notion même de fonction publique internationale, à laquelle incombe la responsabilité d’incarner les idéaux des Nations Unies et de ses agences spécialisées. Quelle organisation internationale sommes-nous alors que plus de la moitié de notre personnel ne fait pas partie de la fonction publique internationale reconnue et est employé sous des contrats de nature temporaire, voire précaire ?
  2. Qu'en est-il du droit de tous les membres du personnel, affiliés compris, à être représentés par une association du personnel et à accéder aux mécanismes de justice interne ?
  3. Dans nos bureaux hors-Siège, trop de contrats de service sont encore de longue durée bien que couvrant des fonctions cruciales, ce qui est en contradiction flagrante avec leur nature temporaire. Le STU demande avec insistance que, dans le cadre de la réforme en cours, les bureaux hors-Siège soient dotés du personnel régulier nécessaire à l’accomplissement de leurs tâches essentielles.

La mise en œuvre de la stratégie de gestion des ressources humaines exige des processus de recrutement et d'évaluation des performances sains et transparents. Force est de constater que ces processus peuvent et doivent encore être améliorés, en s’attaquant à quelques faiblesses évidentes :

  1. Comment le Comité d’examen des nominations (ARB) peut-il remplir sa fonction si, après avoir observé des irrégularités, il ne peut que donner un avis, facilement ignorable et ignoré, même quand des règles fondamentales liées à la représentation géographique ou l’équilibre des genres ne sont pas respectées ?
  2. Nous observons encore trop souvent que des candidats externes sont préférés aux candidats internes qualifiés, ce qui mine à la base toute politique de développement de carrière.
  3. De même, l'évaluation des performances est encore trop facilement manipulée ou utilisée de façon superficielle, pour couvrir les manquements de certains gestionnaires tout comme nuire à certains collègues que l’on voudrait éloigner de certains postes, voire de l’Organisation elle-même.
  4. L'UNESCO ne reconnaît que trop peu et ne récompense pas de façon systématique le mérite ou les réalisations, et le STU demande que le système de promotion basée sur le mérite, qui fonctionnait dans le passé, puisse être rétabli en tant que stratégie de développement de carrière complémentaire au recrutement compétitif.

S’épanouir et développer une carrière au sein de l’UNESCO relève du parcours à obstacles, impossible pour une trop grande partie du personnel. L’absence d’une culture de gestion des ressources humaines, à tous les niveaux, limite grandement l’efficience de l’Organisation et contribue à la rendre moins attrayante pour les talents les plus qualifiés, internes et externes. C’est pourquoi nous demandons aux secteurs et à l’Administration de prêter plus d’attention aux compétences des candidats en matière de gestion des ressources humaines pour tout recrutement à partir du grade P-4.

Monsieur le Président, Excellences,

Le STU se félicite de ce que la stratégie de gestion des ressources humaines reconnaisse la nécessité d'améliorer le système de justice interne. A ce propos, nous aimerions avant tout demander à l’Administration de faire tout ce qui est en son pouvoir pour réduire les délais de traitement des dossiers au Conseil d’appel, actuellement beaucoup trop longs. Nous demandons également que soit donnée aux collègues de terrain la possibilité d'être physiquement présents aux audiences les concernant. Enfin, un système de justice interne équitable devrait permettre au personnel d'être assisté d'un avocat lors des auditions du Conseil d’appel, assistance dont l’Administration ne se prive pas lorsqu’elle se présente aux auditions avec l’équipe entière de ses conseillers juridiques !

Au nom du STU, je vous remercie de votre attention.